Dessiner d’après nature ce qu’on ne peut pas photographier. Pour Juliette Le Roux, il s’agit bien d’un jeu : l’évidence est déplacée, l’ironie est au travail, on nous demande d’y regarder à deux fois. Par déplacement, l’humain devient animal, rendu avec une beauté voulue, un naturalisme - quasi-académique.

L’exactitude du détail est détournée dans des compositions hasardeuses, des assemblages troublants, vivants d’une vie propre, mystérieusement agencés. Dans ce mystère, le visible devient symbole, le sens univoque disparaît dans la multiplication des possibles. Du jeu, encore, qui laisse la place pour que l’imagination tisse ses fables afin de lier ce qui nous est livré dans ces compositions instables. Il revient au spectateur, comme s’il interprétait un rêve, de penser ce qui hante l’apparition du visible et de confronter le représenté, plus vrai que nature, à la réalité du monde d’où il a été prélevé. Ce sont des images qui racontent des histoires sans paroles à qui les regarde pour questionner le monde.

Diplômée des Arts décoratifs de Strasbourg, Juliette Le Roux pratique le dessin autant que la sculpture. Elle construit un univers graphique en noir et blanc au crayon, à partir de dessins d’observation de la nature et des animaux ; avec la volonté de mettre en évidence la part de l’homme dans l’animal et celle de l’animal dans l’homme. Elle expose à présent en galerie son travail d’artiste et sera en résidence à la Casa Velasquez en 2018.