Fabienne Houzé-Ricard a une prédilection pour le tracé du fil, la forme ronde, et deux couleurs le noir et le rouge. Ces éléments s’associent et prennent souvent la forme du nid. Motif réinterprété à l’infini, jusqu’à l’obsession pourrait-on dire.

Sa démarche n’est pas naturaliste, le nid est tout à la fois un sujet graphique et un objet de réflexion sur la construction intime. C’est le fruit d’un travail, plutôt long et complexe, mais précaire. Il est fragile, prêt à se défaire, un peu abîmé, tombé, avec parfois un léger décalage qui le tire, sans que l’on s’en aperçoive tout de
suite, vers le surréel. Souvent démultiplié comme dans ses séries Les Murs ou Nombrils, il contrecarre l’idée d’un lieu unique enfin trouvé. C’est plutôt une recherche jamais terminée de savoir en quel lieu le/se déposer.

« A l’origine du travail de Fabienne Houzé-Ricard, se trouve un double écheveau. Celui des brindilles entremêlées en des cercles aux diamètres de plus en plus restreints et qui finissent par former un nid – d’où l’on vient. Celui de la mémoire, aussi, qui, plus le temps passe, accumule les souvenirs en strates successives – si bien sûr l’on s’en tient à la stricte chronologie. Mais la mémoire nous joue des tours, et, pareille à l’oiseau avec ses brindilles lorsqu’il construit son nid, entremêlent les choses, les époques, les images, les noms et les visages.»
Thierry Clech